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👉 L'actu. Le cofondateur de la communauté TheDiggers, Florian Freyssenet, publie un rapport sur l’immobilier et l’univers des cryptos.
👉 Le contexte. Les projets cryptos ne cessent de se développer dans l’immobilier.
👉 Pourquoi c'est important. Selon lui, l’immobilier 3.0 pourrait être une alternative en période de “bear market” (baisse des marchés, ndlr).
The Big Whale : Vous venez d’écrire un long rapport qui mêle immobilier et… cryptomonnaies. Quel est le lien entre ces deux univers qui semblent pourtant si éloignés ?
Florian Freyssenet : Sur le papier, tout oppose en effet l’immobilier et les cryptomonnaies. Vous avez d’un côté des actifs tangibles qui ont cette image d’investissement sûr et responsable, et de l’autre, vous avez des actifs virtuels que beaucoup de gens ne comprennent pas forcément et voient comme très spéculatifs. Mais ces différences ne sont que de façade, car l’immobilier et les cryptos sont en réalité très complémentaires : les cryptos peuvent apporter de la fluidité au marché immobilier et l’immobilier peut apporter de la liquidité aux marchés des cryptos.
Comment les cryptos viennent-elles fluidifier le marché immobilier ?
On peut faire beaucoup de choses avec les cryptos et la blockchain, et notamment tokeniser un appartement ou une maison. L’avantage de ce système, c’est qu’il permet de faire deux choses intéressantes. Premièrement, investir dans n’importe quel projet parce que les tokens peuvent être achetés aux quatre coins du monde via la blockchain. Deuxièmement, investir des petites sommes comme 50, 500 ou 5000 euros…
Ce que vous décrivez n’est pas déjà rendu possible avec des sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) ?
Oui, mais ce n’est pas si simple que cela. Et puis quand vous investissez dans une SCPI, vous avez des frais de gestion, de l’ordre de 4% ou 5%, et cela prend du temps, alors qu’avec la tokenisation, nous pouvons aller beaucoup plus vite et à moindre frais : les transactions se font directement sur une blockchain. Les SCPI ne vont pas disparaître, mais elles vont évoluer, être plus souples, avec des nouveaux systèmes de gouvernance.
Où en est-on aujourd’hui en France avec la tokenisation de l’immobilier ?
Les choses sont assez limitées. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas tokeniser un actif immobilier en France, tout simplement parce que la loi ne le permet pas ! La seule chose que l’on peut faire, c’est de tokeniser la société qui détient le projet immobilier, ce qui est très différent. Dans d’autres pays comme les États-Unis, vous pouvez déjà tokeniser des biens immobiliers. L’américain RealT, avec lequel on a commencé à travailler, permet d’acheter une partie d’une maison ou d’un appartement dans la ville de Détroit et ses environs. Vous pouvez les acheter en étant aux États-Unis, mais aussi en étant à Paris, c’est pour ça qu’il faut que la France et l’Europe accélèrent sur le sujet. Le marché est mondial ! En Europe, il y a déjà la Suisse où plusieurs hôtels ont été tokenisés, mais ce n’est pas suffisant. Il faudrait aller plus vite.
Comment expliquer ce “retard” ?
Nous sommes au tout début d’une vague, donc il ne faut pas paniquer, on peut rattraper ce retard, mais les choses vont vite. Globalement, on sent qu’il n’y a pas encore une prise de conscience suffisante de la part des politiques et de certains grands groupes. C’est aussi pour ça que j'ai fait ce rapport (disponible ici), pour permettre de comprendre les opportunités. Tous les actifs vont être tokenisés, il va se créer de nouveaux marchés. On va pouvoir plus facilement acheter et vendre de l’immobilier. Je vois ce qu’il se passe aux États-Unis ou en Asie, à Singapour notamment. L’immobilier est un marché gigantesque qu'il faut explorer surtout dans cette période de “bear market". Rien qu’en France, on parle de plus de 2000 milliards d’euros. C’est considérable. L’immobilier 3.0 est la prochaine grande tendance. Et cette tendance va ouvrir de nouvelles perspectives.
Lesquelles par exemple ?
Il y en a beaucoup. Prenez le cas d’un locataire. Si vous tokenisez son logement, il va pouvoir, à côté du versement de son loyer chaque mois, racheter une petite partie des tokens de son appartement et potentiellement détenir à terme 5%, 10% ou même 20% de son logement, ce qui va en plus temps diminuer progressivement le prix de son loyer. Côté propriétaire, l’avantage des tokens, c’est que vous pouvez recevoir un rendement quotidien. C’est aussi ça la fluidité apportée par les cryptos.
Aujourd’hui quel est le segment de l’immobilier crypto le plus dynamique ?
C’est clairement le résidentiel. Cela peut paraître contre-intuitif, mais aux États-Unis il y a plus de projets de tokenisation de maisons que de bureaux. A plus long terme, le marché des entreprises va aussi fortement se développer. Ce n'est qu'une question de temps.